Axe 2 : Médiations, Réceptions, Appropriations

L’incendie de Notre-Dame a fermé le lieu aux 14 millions de visiteurs qui s’y pressent chaque année, mais aussi aux regards des parisiens, et a coupé court aux récits habituels qui donnaient sens à sa présence. Sont venus s’y superposer l’épopée de l’incendie, du sauvetage des objets, de la sécurisation du bâtiment, de la geste scientifique qui accompagne la restauration… Autant de narrations qui permettent de faire exister la cathédrale en chantier ; et au moment de l’anniversaire, de faire exister un chantier fermé par le confinement qui à l’absence du monument ajoute l’absence des hommes, ouvriers ou public.

Mais ce sont aussi tous les métiers de Notre-Dame qui sont touchés, se retrouvent orphelins de leur lieu d’exercice, préparant sa reconquête : chœurs, organistes, guides-conférenciers… se font médiateurs d’une cathédrale en absence, metteurs en scène et en récit de sa pérennité et de sa résilience.

Expositions, livres, films, visites, performances d’artistes, articles de journaux, hors-séries de magazines… seront minutieusement observés et décrits comme autant de moyens et de stratégies pour faire exister la cathédrale en attendant le monument. A l’autre bout de la chaîne de médiation on s’intéressera à ses destinataires, ce « public » formé de millions d’intimités collectives dont on tentera de cerner – à travers un questionnaire et ses approfondissements ethnographiques – les expériences, les logiques d’attachement, les attentes, les formes de mobilisation.

Enfin, on s’attachera aussi à comprendre comment se préparent dès aujourd’hui les médiations de demain, le récit héroïque du désastre et de la monumentalité retrouvée ; un récit déjà inscrit dans l’histoire et auquel chacun veut participer, en une immense mobilisation de scientifiques, de professionnels de tous ordres, d’institutions culturelles… mais aussi de citoyens ordinaires qui tous, cherchent à y expérimenter une résonance (Rosa 2018).